Voici les illustrations qui ornent le recueil sur lequel j’ai travaillé dernièrement (2012) et dont les textes sont également de ma plume.
- Sama
Sama est dans ta chair
Épiderme d’ébène
Tels l’écorce et le nid
Ton ventre est une serre
Là et je sais ta peine
Telles la force et la vie.
Sama est sur la terre
Tout petit cœur battant
En grand guerrier qui tombe
Bouton d’or sous le fer
Rose éclose au vent
Qui te porte en colombe.
(…)
- Couverture (recto)
Une idée pour la couverture (que je n’ai pas retenu)
- Chimères endormies (dernières ressources des malheureux)
(…)
Il y a tares et torts
Dans nos songes pleins de cris.
L’alchimie de l’or
De nos vieilles infamies
Nous y ramènent encore,
Aux chimères endormies.
(…)
Des cauchemars s’éveillent,
Que leurs creux crânes étayent,
Ô chimères endormies…
- Chimères endormies (la phalange endormies)
Ils marchent la mine basse,
Creusent encore chaque soir
Quelques digues où s’entassent
Nombre de marées noires
Et trop de corps encrassent
Nos mauvaises mémoires…
(…)
Elles n’ont pas d’yeux ouverts
Sur les soldats de chairs,
Nos mauvaises mémoires.
- Vide vie
Vide vie, vide verre
Petit-homme vieilli
Ta vie, oh ta vie de fer,
Par quoi l’as-tu remplie ?
Les maux de la parole
Qui clouèrent les humains,
D’amis dormant qui volent;
Les mots piègeant leurs mains.
Vide vie, vide vers,
Petit-homme insensé
Qui dit qu’il faut se taire,
Tu cries sur ce papier.
De ce qui te contrôle
Au volcan assoupi,
Celui qui joue ton rôle
T’aime, oh il me l’a dit.
Vide vie, vers de terre
À l’endroit des racines,
Aux pieds d’un père se terre;
N’a de cris que l’échine.
Tu es bien seul ce soir,
N’est-ce pas petit-homme ?
Ta femme est dans le noir,
Grande et absente en somme.
(…)
- Dites-lui
Dites-lui d’aller du vide
De poumons en mouvements
S’accrocher au coeur tout avide
À la vie infiniment.
(…)
- Nos yeux sont ainsi
Dans un souci évident d’unité , la façon de préparer mon support et le médium restent exactement les mêmes, c’est la teinte de la gouache que j’alterne une fois sur deux.
Il y a que je souhaite exploiter aussi loin que possible le principe de travailler en noir et blanc d’une part parce que mes productions qui ont précédé l’actuel ouvrage étaient vivement colorées et je souhaitais désormais voir avec ce recueil comment je suis capable de rester moi-même, mais délivré de ma façon d’employer la couleur. Ensuite, m’exprimer en noir et blanc me permet de jouer avec l’idée même d’équilibre et qui sait, de mieux souligner un certain coté manichéen de mes propres textes.
En l’occurrence, cette illustration est l’une des plus fidèle quant à ce que j’avais en tête quand j’écrivais « Nos yeux… ».
- Ce jardin, Marijeanne (recto)
(…)
Du chaos de la vie dont il est amoureux
Sur sa branche infinie d’où il a disparu
Il attend en chenille un regard éperdu
Vers l’enfant en guenille en son tronc bienheureux.
Tels des pieds pour remèdes apportés au Soleil
Qui s’en vont droit vers l’Ouest où la vie est pareille
Toute emplie de bipèdes un jour morts et bien seuls.
(…)